L'âge de la flemme ?

L'âge de la flemme ?

Pourquoi c'est dur d'être débutant

Dans les mini-topos, on essaie de faire le tour des questions qui nous obsèdent dans des articles très courts. Notre question du jour : pourquoi est-ce que c'est si dur d'apprendre de nouvelles choses quand on est adulte ?

La réponse, c'est dans 3 minutes de lecture.
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Quand la neige tombe, on s’aperçoit vite d’un truc : c’est quand même beaucoup plus simple de marcher dans les traces de quelqu’un que de créer son propre chemin.

Et quand on fait de la randonnée dans la neige, en ski de rando ou en raquette, c'est encore pire. Ouvrir le chemin, ça implique de se frayer un passage à travers des dizaines de centimètres de poudreuse. De progresser sur un terrain meuble, non stabilisé, en essayant au maximum de faciliter la progression de ceux qui viennent derrière. Celui qui est chargé de ça, on l’appelle le traceur, et en gros : c’est à lui de faire le sale boulot.

Bien sûr, c’est pour le traceur que la progression est la plus coûteuse, physiquement parlant. Il fait quelque chose que personne n’a fait avant lui. Et ça, c’est toujours plus difficile…

Dans la vie ? C’est un peu pareil. On a tous tendance à suivre des voies qu’on a déjà tracées par le passé. Il y a plein de raisons à ça. D’abord, il y a un confort de l’habitude. Une étude américaine a suivi des gens dans leur quotidien pendant plusieurs semaines pour montrer que 47 % de nos gestes quotidiens relevaient de l’habitude pure et simple.

Métro, boulot, dodo ?

Ces habitudes, elles sont extrêmement confortables. A tel point que, même quand on découvre une alternative plus efficace, on préfère parfois les conserver malgré tout. C’est ce qu’a montré cette étude qui a suivi des usagers du métro londonien pendant une longue grève d’un mois. Pendant cette période, les Londoniens avaient réussi à raccourcir leur temps de transport de 6 minutes par jour en moyenne. Et pourtant, après le retour à la normale, seulement 1 personne sur 20 avait conservé son nouveau trajet...

La raison ? C’est qu’il y a vrai plaisir à avoir des habitudes. D’abord, c’est un geste que le cerveau peut accomplir quasiment sans réfléchir. C’est un peu comme chanter la chanson Happy Birthday : on la connait tellement bien qu’on peut le chanter en faisant 10 000 trucs en même temps :

Mais alors, si les habitudes sont si plaisantes, pourquoi ne passe-t-on pas notre temps à en acquérir de nouvelles ?

Tout simplement parce que prendre une nouvelle habitude, c’est coûteux. Et ça, de plusieurs manières différentes.

1 - Pour prendre une nouvelle habitude, il faut prendre un premier risque : celui de la nouveauté. Et la nouveauté a un énorme désavantage par rapport à l’habitude : elle est potentiellement décevante. Choisir la nouveauté, c’est donc risquer de perdre le plaisir d’une bonne habitude bien établie…

2 - Acquérir une nouvelle habitude, c’est difficile. Le cerveau est toujours un peu désarçonné face à des gestes ou des raisonnements qui lui sont inconnus. Mais c’est là que la phrase “La pédagogie est l’art de la répétition” a du sens : il ne s’agit pas de répéter dix mille fois un même speech ou des mêmes dates d’histoire à apprendre par cœur. Mais répéter un geste, une choré, un mouvement, ça oui : plus on s’entraîne, et plus ça devient facile. En gros, la courbe de difficulté d’une nouvelle tâche ressemble toujours à ça :

3 - Pour prendre une nouvelle habitude, il faut consentir des efforts. Et si on y pense, la plupart des habitudes qu’on possède déjà sont souvent des mécanismes qu’on a acquis sous la contrainte :

Or, on associe l’âge adulte à la fin de la contrainte. On se dit que ça y est, on est grand, et qu’on a plus l’âge de se faire donner des leçons. Et on refuse de se retrouver en position de débutant/apprenant.

En vérité, l’âge adulte, c’est surtout l’âge de la flemme. On refuse d’apprendre par peur de l’échec, crainte d’apparaître inférieur… Bref, que des mauvaises raisons qui nous empêchent notamment d’apprendre des choses… et de se créer de nouvelles habitudes.

Pour résumer, voici les trois obstacles qui nous empêchent d’apprendre de nouvelles choses, et 3 conseils pour les surmonter :

- Le confort de l’habitude
Pro tips pour le surmonter : oui, la nouveauté est parfois décevante. Mais qui ne risque rien n’a rien.

- La difficulté
Pro tips pour le surmonter : oui, apprendre un nouveau truc, c’est dur. Mais quand vous commencez, dites vous que le début est toujours le plus difficile. Ça ne peut que devenir plus facile.

- La position d’apprenant
Pro tips pour le surmonter : vous pensez vraiment que la vie s’arrête quand on sort de l’école ? Evidemment que non. Alors continuez à apprendre.


Vous avez envie d'en lire plus ? Sur le sujet, il y a notamment cet article du New York Times, ou aussi notre Topo Le Test du Marshmallow